Maria DEMOL, agricultrice, née à Staple en 1916, est une des plus anciennes personnes du village. Madame DEMOL, qui a vécu les deux guerres, trouve qu’elle a eu de la chance de vivre dans ce siècle en découvrant toutes les évolutions industrielles et technologiques qui ont facilité les conditions de travail et les modes de vie.
Depuis combien de temps, êtes- vous au village? J’habite à Staple depuis toujours, j’y suis née en 1916. J’ai résidé tout d’abord route de Bailleul, après à la «schooterie» qui veut dire «tir» en flamand et après je suis arrivée rue du Préavin en 1974.
Vous êtes nées pendant la première guerre et vous avez vécu la deuxième?Je ne me souviens pas de la première guerre mondiale car j’étais trop petite, mon père avait fait cette guerre. Je me rappelle du premier avion qui a été abattu à Staple et des bombardements en forêt de Nieppe. On accueillait des réfugiés de passage à Staple.
Comment cela se passait pendant l’occupation?Avant l’occupation il y avait des soldats qui venaient se reposer, c’est un état major en quelque sorte. Après l’attaque en Belgique des troupes allemandes, Staple a été occupé. Les soldats allemands logeaient dans la salle des fêtes, l’école et dans certaines fermes.Chez nous ils n’ont jamais été incorrects, quand ils sont arrivés ils n’ont pas fait de dégâts. La cohabitation se passait bien, même si on savait en quelque sorte qu’on était prisonnier.La veille de la libération, on n’attendait plus rien. Le lendemain, les anglais et les américains sont arrivés: c’était la libération!
Avez-vous travaillé?Oui, à 13 ans on devait travailler, j’aurai voulu être institutrice mais je n’avais pas le choix. Maintenant les choses ont bien changé, les enfants peuvent faire leurs choix, ce n’est plus un déshonneur de ne pas faire comme son papa ou de ne pas prendre le relais de la gestion d’une ferme. Je travaillais dans les champs et m’occupais du bétail. C’est un travail dur, il n’y avait pas de machines, on faisait tout à la main.
Pouvez-vous nous dire quelque chose sur les commerces de Staple?Avant avec le nombre important de commerces qu’il y avait sur Staple, on avait quasiment tout pour manger. A une époque, trois boucheries et deux boulangeries fonctionnaient en même temps. Ainsi qu’ une petite trentaine d’estaminets, je me rappelle de la «Tour Eiffel», un estaminet qui faisait aussi épicerie et menuiserie, c’était en face de l’école primaire route de bailleul.
Qu’est ce qui a changé pour vous par rapport à avant? On a de la chance d’être né dans ce siècle, on a vu toute l’évolution avec l’arrivée de l’électricité, la modernisation du matériel agricole améliorant considérablement les conditions du travail, les appareils électroménagers simplifiant les tâches quotidiennes et ménagères, les premières voitures qui circulaient à Staple, la télévision dans les foyers…
Les scientifiques nous mettent en garde face aux changements climatiques, est ce que vous remarquez ces changements ? Oui, comme le rythme des saisons qui a complètement changé, on n’a plus d’été et d’hiver. Concernant l’alimentation, la nourriture était plus saine et plus naturelle; aujourd’hui avec les traitements, les pesticides toutes ces choses, c’est du poison!